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Route du Rhum 2014 : Dernière transat en solitaire avant le Trophée Jules Verne

En cette année 2014 et à l’occasion de la dixième édition de la Route du Rhum, Francis Joyon s’apprête à dire adieu à son fidèle coursier, son cher IDEC SPORT qui l’a si vaillamment accompagné de records en records, autour du monde, et en Atlantique. Après 7 années et plus de 200 000 milles de complicité fusionnelle, Francis constate avec réalisme que la porte du développement des multicoques Ultimes, entrouverte avec la création en 2007 de son plan Irens, est désormais béante, et accessible aux projets les plus fous. Au gigantisme de trimarans de 40 mètres et plus, s’ajoute désormais la notion de « volatilité », de légèreté extrême et l’on parle déjà pour l’avenir de bateaux « volants ». En cette année 2014, IDEC SPORT apparait bloqué entre ces deux philosophies et doit affronter les véloces Mod 70 et les géants de plus de 30 mètres, Spindrift et ses 41 mètres, Banque Populaire VII, ex Groupama 3 tenant du titre, et Sodebo. Francis sait ses chances de victoires moindres et table sur des situations météos compliquées pour tirer son épingle du jeu, à bord d’un voilier qu’il connait sur le bout des mitaines.

« Je partais comme outsider » se rappelle-t-il, « Face aux MOD 70 que l’on savait redoutables dans les zones de transition, et face à la puissance des trimarans géants, capables de faire la différence dès les premiers jours, si le golfe de Gascogne, comme c’est souvent le cas, se montrait venté et chaotique. » Plus étroit, avec des formes de carène faite pour le passage dans la mer formée, mais peu performante dans le petit temps, IDEC SPORT espère du vent fort et peu de transition. « Je n’étais pas dans le camp des légers manœuvrants, ni dans la catégorie des très puissants. IDEC SPORT était probablement plus polyvalent et je devais m’appuyer sur cette qualité. Le bateau avait été conçu pour le portant dans la brise mais je savais que les trois Maxi étaient désormais plus véloces à cette allure. » Les premiers jours de la course sont marqués par des conditions « dantesques », selon Loïck Peyron, skipper de Banque Populaire VII. De nombreux skippers sont contraints à l’abandon ou doivent se dérouter pour réparer leur voilier. Sur les 91 skippers au départ, 15 sont hors de combat après quarante-huit heures de course. Thomas Coville entre en collision avec un cargo la première nuit, détruisant une partie de la coque centrale et du flotteur tribord de son Sodebo.

Ces conditions permettent à Loïck Peyron de creuser un premier écart avec les poursuivants à la sortie du golfe de Gascogne. C’est l’anticyclone des Açores qui va jouer à plein son rôle d’arbitre et Peyron y fait le break. A l’occasion de la bulle anticyclonique au large de Madère, il trouve un trou de souris pour s’échapper quand ses poursuivants s’engluent dans les calmes. Après avoir mené la course depuis le passage d’Ouessant, Loïck Peyron et Banque Populaire VII franchissent la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre le 10 novembre après 7 jours 15 heures 8 minutes et 32 secondes de course, battant le record de 2006 de Lionel Lemonchois de plus de deux heures.

Francis est à la lutte avec les MOD 70. Les alizés se font attendre et IDEC SPORT ne rencontre au final que très peu de conditions d’angle de vent favorables à exprimer ses qualités. Il parvient à reprendre le MOD 70 de Yann Eliès lors du contournement de la Guadeloupe et signe une méritoire 6ème place, en 9 jours, 4 heures et 42 minutes, à 16,05 noeuds de vitesse moyenne.

Francis Joyon ramène dès le 1er décembre suivant son trimaran à La Trinité-sur-Mer. Il cède son cher coursier en mars 2015 au skipper chinois Guo Chan qui établira cette même année le Record de l’océan Arctique, Mourmansk-Détroit de Bering avec un équipage international. Le 27 octobre 2015, Guo Chuan est porté disparu au large d’Hawaï. Le bateau est retrouvé vide à 600 milles de l’archipel.

 

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