Voile

LE HORN PAR SA FACE EXTREME

Depuis 12h, IDEC SPORT a de nouveau accéléré la cadence et affiche une vitesse de progression par rapport au but de 32-33 nœuds. De l’autre côté du centre dépressionnaire qu’ils viennent de traverser, Francis Joyon, Alex Pella, Sébastien Audigane, Clément Surtel, Gwénolé Gahinet et Bernard Stamm continuent d’abattre les milles avec une redoutable efficacité. Après 22 jours de course, à l’entame d’une nouveau run de vitesse sous les latitudes hostiles et rugueuses qui mènent au cap Horn, ils cavalent sur une trajectoire limpide vers le sud et portent, ce samedi après-midi, leur avance sur le tableau de marche du Trophée Jules Verne à 1 150 milles.

« 56°Sud, le jour se lève sur le Pacifique. IDEC SPORT file à 34 nœuds sur une mer plate. Le ciel est blanc, l’eau à 5°. Cagoule et gants pour les marins. Il fait froid à barre, mais on va vivre une belle journée de voile extrême. » Les mots de Sébastien Audigane, reçus il y a quelques heures, alors que le lever du jour est salué par une magnifique aurore australe, plantent le décor.

Au cœur du Grand Sud
Fort de sa trajectoire, tracée au cordeau par Francis Joyon et le routeur Marcel van Triest, pour abattre les milles à vitesse grand V, propulsé aussi par l’engagement de son équipage qui excelle dans l’art d’affoler les compteurs qu’elles que soient les conditions de vent et de mer, IDEC SPORT poursuit sur sa lancée et plonge au cœur du Grand Sud. Un univers froid et hostile que les six marins embarqués dans l’aventure de cette conquête du Trophée Jules Verne menée tambour battant, savent apprivoiser et abordent avec un enthousiasme intact.

Gare aux glaces
« Là, on fait du sud. Depuis cette nuit nous sommes rentrés dans une zone de glace. Mais on profite d’une bonne visibilité de plusieurs milles. Même cette nuit, on a eu un petit peu de lune. On va descendre encore plus sud pour se glisser sous l’anticyclone », explique Francis Joyon, heureux d’avoir retrouvé une mer mieux rangée et des conditions plus douces malgré l’hostilité environnante.  « On est en veille H24 sur le radar et on surveille la température de l’eau, là elle est de 6°, c’est de l’eau chaude quand même ! »,précise-t-il tandis qu’IDEC SPORT flirte de nouveau avec le 35 nœuds de vitesse moyenne, reprenant des milles sur son adversaire virtuel, Banque Populaire V, qui à ce stade du parcours s’apprêtait à remettre du nord dans sa route. « Quelques gros icebergs sont localisés, mais ce n’est pas un champ de mines, non plus. L’équipage progresse désormais dans une zone à risque, mais c’est acceptable, d’autant que les conditions sont très maniables », explique de son côté Marcel van Triest qui assure une vieille permanente à terre.

Le Horn dans la tête
À bord, tous les esprits se tendent désormais vers le célèbre rocher noir matérialisant 2300 milles plus loin la sortie de ce grand désert liquide, et qui focalise désormais toutes les attentions. « On est fatigué, cela fait partie du jeu. Et on attend déjà, de doubler le cap Horn avec impatience », consent volontiers Alex Pella.
Pour autant le marin catalan, réputé pour sa capacité à s’adapter à tous les environnements, se réjouit de la suite du parcours.  « À la barre, on vit des moments magiques. Depuis le départ, c’est beaucoup d’émotions ce Trophée Jules Verne. Là, on s’apprête à doubler quelques concurrents du Vendée Globe. J’ai beaucoup de camarades qui fond la course et qui sont obligés de respecter une zone d’exclusion des glaces.  J’aime à dire qu’on reste polis en les doublant par le sud et en les  passant sous le vent », ajoute-t-il, hilare, avant d’entamer son petit-déjeuner et cette belle journée de navigation sous les latitudes extrêmes.

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